Et si l’injonction tuait l’innovation ?
Injonctions invisibles, paradoxes quotidiens, perte de liberté… et si l’un des plus grands freins à la créativité se cachait là où on ne le voit plus ?
Pourquoi les dirigeants doivent apprendre à repérer les injonctions ?
À longueur de journée, les dirigeants de TPE, PME, artisans, commerçants, agriculteurs entendent — ou se répètent — des phrases comme :
« Il faut innover. »
« Soyez plus agiles. »
« Engagez vos équipes. »
« Restez performants malgré la crise. »
Ces petites phrases, à la fois floues et prescriptives, sont des injonctions.
Elles sont souvent dites sur un ton amical ou bienveillant, mais au fond, elles ne laissent pas vraiment le choix.
Et parfois, elles se contredisent entre elles, créant ce qu’on appelle des injonctions paradoxales :
« Sois libre… mais pas trop. »
« Innove… mais ne prends aucun risque. »
Définition : qu’est-ce qu’une injonction (et pourquoi c’est un vrai sujet de leadership) ?
Une injonction, c’est un ordre ou une attente implicite qui oriente notre comportement sans qu’on en ait toujours conscience.
C’est une forme de pression mentale ou culturelle, intégrée au quotidien.
Dans le monde du travail comme dans la sphère personnelle, nous agissons sous l’effet de dizaines d’injonctions, tous les jours.
Et plus elles sont paradoxales, plus elles paralysent la prise d’initiative, la capacité de choix, et… l’innovation.
Le paradoxe : on vous demande d’innover, mais on vous interdit de vous tromper
La créativité ne se commande pas.
Elle ne surgit pas sur commande ni sur slide PowerPoint.
Elle a besoin :
d’un espace sans peur,
d’un droit à l’essai,
d’une permission d’échouer pour mieux recommencer.
Mais quand l’environnement est saturé d’injonctions contradictoires, l’esprit se ferme.
On agit par conformité, par prudence, par réflexe — pas par envie, ni par vision.
Dirigeants : comment retrouver votre liberté de décision ?
Être dirigeant, aujourd’hui, ce n’est pas seulement piloter une entreprise.
C’est aussi savoir faire le tri entre ce qui vient de soi… et ce qui vient d’une pression extérieure intégrée.
Pour cela, quelques clés :
Prenez le temps de repérer vos injonctions internes (ex. : “Je dois être sur tous les fronts”, “Je dois montrer que je contrôle tout”).
Apprenez à questionner les attentes implicites qui pèsent sur vous.
Offrez-vous, et à vos équipes, le droit de ralentir pour mieux penser.
Réintroduisez du jeu, de l’espace, du silence dans vos décisions.
Car l’innovation, ce n’est pas répondre à une attente.
C’est faire apparaître ce que personne n’attendait encore.
Conclusion : réapprendre à désobéir pour mieux innover
Les injonctions ne sont pas le mal absolu.
Mais lorsqu’elles deviennent silencieuses, automatiques, ou paradoxales, elles freinent la liberté, l’audace, la vitalité.
Et dans un monde qui bouge aussi vite, ce dont nous avons besoin, ce ne sont pas plus d’ordres,
mais plus de dirigeants lucides, libres et créatifs.
